Pédagogie chez Magnard
Trois livres aux éditions Magnard :
www.magnard.fr
- Que sais-tu des rêves du lézard, poésie.
- Poésie maternelle, pédagogie.
- Poésie, cycle deux et trois. pédagogie.
Ils sont présentés ici tous les trois.
*
Extraits :
1
Cigale enflammée
Fondre sous la chaleur bleue
Solstice d’été
*2
Tu ne regardes pas
la couleur des autos
tu choisis de compter
les fleurs du potager d’en face
Tu n’écoutes pas
le bavardage des moteurs
tu préfères chercher
le petit lézard du balcon
Celui que le citronnier a couvé
tout l’hiver
dans son pot
*3
Bien à l’abri
sous ton lampadaire
tu ne sens plus
chuchoter les nébuleuses
tu n’entends plus
le tranchant du caillou
écorcher ton talon
tu ne vois plus
la lueur de l’écorce
abriter l’odeur du chevreuil
Tu as les yeux
dans online casino gambling ton livre
Peut-être
ça te rassure un peu
*4
Tu éteins
Sommeil
en belle étoile
Un silence
zébré de grillons
se repose
avec le chat
dans ton oreille
Tu ne crains plus rien
tout dort autour de toi
sauf ce têtu moustique
et les deux chats-huants du quartier
*5
Là-bas
dans le jardin
le cyprès s’éloigne
et tu ne sais pas où il va
Le crapaud
sur son caillou
la luciole au-dessus du bassin
chacun questionne
et nul ne répond
6
Plus haut que nuage
plus profond qu’au loin du ciel
Voler comme on rêve
*
Un guide pédagogique pratique
- pour faire découvrir la poésie aux élèves de la maternelle
- les initier à l’écriture poétique, individuelle ou collective
Ce guide propose
- une anthologie de plus de trente poèmes, présentés par thèmes : les cinq sens, l’imaginaire, les couleurs…
- une fiche pédagogique pour chaque poème avec :
• une présentation du texte
• des conseils pour la mise en voix
• une proposition d’atelier d’écriture
• des activités de prolongements
- des fiches photo copiables pour l’élève :
• des fiches poèmes
• des fiches outils pour la mise en place des ateliers d’écriture
*
Extrait du fichier poésie ©Editions Magnard 2001 Patrick Joquel (instituteur ; poète)
introduction
Ce guide de pédagogie pratique n’a d’autre ambition que d’aider les enseignants à faire entrer la poésie dans leur classe et, au-delà, à éduquer à la poésie. Éduquer, pas enseigner. Pourquoi cette nuance ? Tout simplement parce que lorsqu’il s’agit d’art le mot éduquer semble plus respectueux de l’individu que le mot enseigner. Éduquer, ce serait alors éveiller, ou bien encore prendre par la main, donner le goût, avancer ensemble vers un peu plus de compréhension et d’émotion. Ce serait « entrer avec les enfants de sa classe en poésie »…
Le temps et le lieu du poème
Dans un premier temps, l’objectif est de permettre à l’enfant de se constituer une culture poétique plus vaste que la dizaine de poèmes que l’on retrouve encore souvent dans les traditionnels cahiers de récitation. Sans condamner cette pratique, il s’agit simplement de montrer que l’on peut donner un peu plus d’espace aux poèmes, les intégrer davantage au quotidien de la classe : en proposant aux enfants un poème par jour par exemple…
Si ce rythme relève d’un idéal difficile à atteindre, en proposer au moins un par semaine peut être considéré comme un minimum pour l’enseignant désireux d’initier ses élèves à une culture poétique. Pour choisir ces poèmes, l’enseignant pourra vaquer en toute liberté, au gré de ses lectures et de ses coups de cœur, au hasard des thèmes abordés en classe…
Il pourra puiser dans ceux rassemblés dans ce fichier : une cinquantaine de poèmes (d’auteurs « classiques » et d’auteurs d’aujourd’hui) accompagnés d’une présentation et d’une analyse, de pistes d’ateliers d’écriture et de prolongements, et de correspondances avec d’autres poèmes encore. Puis pour aller plus loin, on trouvera également une liste d’éditeurs et de revues de poésie (voir page 00), demandez leur catalogue !. Si le secteur de l’édition jeunesse semble primordial pour partir à la découverte de poèmes, il serait dommage de ne pas chercher aussi dans les collections adultes. En bref, l’essentiel est de donner aux enfants des poèmes que l’on aime.
Extrait du fichier poésie ©Editions Magnard 2001 Patrick Joquel
« Et une fois le poème choisi, qu’en fait-on ? »
On peut choisir de réserver un espace du tableau au poème ou encore de l’installer sur un panneau mural… À chacun de lui trouver sa place. L’essentiel est que le poème soit là, qu’il reste à portée du regard. La journée de classe , par exemple, commence autant par l’appel traditionnel que par la lecture du poème, lecture magistrale et lecture par les enfants volontaires.
Le poème est reproduit dans son intégralité ou au moins par un extrait s’il est trop long (il ne faut pas craindre les longs poèmes, il faut simplement leur accorder un temps plus long, celui que l’on réserve à la lecture par exemple, pour entrer dans leur respiration). Il est reproduit dans sa mise en page originelle (la géographie du poème comme sa verticalité dans l’espace page sont une des caractéristiques de l’écriture poétique). Il y restera jusqu’au prochain poème. Le recueil ou le livre dans lequel on a trouvé le poème sera présenté aux enfants et mis à leur disposition dans le coin lecture de la classe.
Car, même si la BCD de l’école est bien fournie en poésie, il est important que la classe dispose d’un petit coin bibliothèque où l’enfant pourra feuilleter et lire quelques recueils de poèmes. En accès libre.
Au fil de ses lectures personnelles, l’enseignant recueille dans son anthologie personnelle tous les poèmes qu’il aime et/ou qu’il a présentés à ses élèves. Cette anthologie reste accessible aux enfants qui peuvent ainsi retrouver les poèmes qu’ils ont rencontrés, les relire, les copier ou en demander la photocopie.
Si dans une école, tous ou plusieurs enseignants collectionnent ainsi les poèmes, on pourra les regrouper en une anthologie école au sein de la BCD, multipliant ainsi les richesses de chacun. L’informatisation de ces anthologies, en permettant des classements par auteurs, thèmes, classe, en rend la gestion plus facile.
L’anthologie personnelle de l’enfant peut revêtir plusieurs formes : le cahier classique, le classeur, le porte-documents, voire la disquette.
L’enfant engrangera ainsi les poèmes que l’enseignant lui donne « obligatoirement », et ceux qu’il aura choisi d’y ajouter parmi tous les poèmes rencontrés en classe comme parmi ses lectures, ceux qu’il ou que ses camarades auront créés et qu’il aura aimé, les courriers de poètes, etc.
Nous avons choisi de proposer ici aux enfants des fiches poèmes à photocopier et à insérer dans leur anthologie.
Cette anthologie qui pourrait l’accompagner de classe en classe devient une sorte de mémoire pour l’enfant ; il n’est donc pas obligé de tout apprendre par cœur. Il y retournera chaque fois que le besoin s’en fera sentir. Cet outil de
lecture peut être utilisé en lecture expressive et donner ainsi lieu à la création de petits ou grands spectacles-lectures à une ou plusieurs voix.
Extrait du fichier poésie ©Editions Magnard 2001 Patrick Joquel
autour du poème
Après la ou les premières lectures du poème, voici quelques points de départs possibles pour lancer la discussion :
« Qui a envie de dire quelque chose ? de réagir ? ».
« Est-ce qu’il y a des mots que l’on ne comprend pas ? »
« Qu’est-ce qui fait qu’on aime ce poème ou qu’est-ce qui fait qu’on ne l’aime pas ? », etc.
« Est-ce quelqu’un a une question ou une remarque à propos de ce poème ? »…
Il s’agit de se laisser guider par les enfants, de laisser la parole aux lecteurs, ou aux auditeurs. A partir du moment où on leur donne le poème, celui-ci leur appartient ; ils l’appréhendent, chacun selon sa sensibilité propre, sa culture personnelle. Ce qui différencie l’enfant de l’enseignant est simplement de l’ordre de l’expérience de vie et de la culture. On écoutera donc la parole des enfants et on laissera s’installer le dialogue ; l’enseignant interviendra soit au même titre que les enfants en demandant la parole, soit une fois le dialogue terminé, pour pousser un peu plus loin la réflexion et la découverte.
Seuls les enfants sont habilités à dire ce qu’un poème leur fait sentir. Notre analyse d’adulte n’a pas à se substituer à celle de l’enfant. Elle peut juste l’aider à comprendre le « comment c’est fait », la manière ; elle peut aider à affiner la compréhension et par conséquence l’émotion.
Et si un mot résiste à l’enfant ? s’il n’en comprend pas le sens ?
Lorsque cela se produit pourquoi ne pas le chercher ensemble ? Chercher à en imaginer la ou les significations, à se régaler du mystère.
Bien souvent, un enfant de la classe saura expliquer le sens du mot récalcitrant, ce qui n’empêche pas d’en vérifier le sens à l’aide du dictionnaire.
Et les images ? Faut-il expliquer les images ? Là aussi, on se gardera d’expliquer d’une manière autoritaire ; on laissera les enfants entrer dans les secrets de la métaphore sans s’interdire, si le besoin s’en fait sentir, de les guider.
On observera comment est fait le poème, s’il comporte des rimes ou non, s’il y a des répétitions… On cherchera ensemble à quel moment et avec quels mots le texte quitte la réalité pour entrer dans la poésie, dans le mystère, l’imaginaire ou l’humour… Comprendre l’image et voir les paysages du poème… Pour chaque poème, la rubrique Eléments d’analyse propose quelques pistes de découvertes
Extrait du fichier poésie ©Editions Magnard 2001 Patrick Joquel
pour l’enseignant ; celles-ci, sans tomber dans la visite guidée (le poème n’est pas un musée, pourront être proposées au cheminement des enfants.
Ateliers d’écriture
Les poèmes rassemblées dans ce fichier sont accompagnés de propositions d’ateliers d’écriture poétique. Ces propositions ou suggestions, qui ont été mises en pratique dans des classes, ont essentiellement pour but de donner l’envie, le désir d’écrire.
D’écrire pour dire ou pour raconter ? Écrire une rédaction sur le thème : « Racontez un beau jour de vacances » ne revient pas au même que « Choisissez un beau jour de vacances et montrez-le bien, qu’on sente bien la beauté de ce jour, qu’on voit bien le petit miracle de ce moment là, qu’on entre dans votre souvenir ». Les enjeux de ce moment d’écriture poétique sont bien sûr aussi ceux du réinvestissement des connaissances orthographiques et grammaticales, mais surtout ceux de la culture poétique de l’enfant, de l’imagination, de l’engagement, et du rapport particulier (intime) que chacun entretient avec le monde.
Les enjeux de ce moment d’écriture poétique sont bien sûr aussi ceux du réinvestissement des connaissances orthographiques et grammaticales, mais surtout ceux de la culture poétique de l’enfant, de l’imagination, de l’engagement, et du rapport particulier (intime) que chacun entretient avec le monde.
Il s’agit aussi de permettre aux enfants d’oser écrire. Souvent l’enfant vient voir l’enseignant et lui dit « Je ne sais pas quoi écrire » : panne d’inspiration ou peur d’écrire, peur du regard de l’adulte ? Un autre dira « J’ai fini, mais c’est nul » : manque de confiance ou peur de décevoir ? Les trames et les déclencheurs d’écriture proposées pour chaque poème de cet ouvrage ne sont que cela : un moyen pour rassurer, pour permettre d’oser. En toute liberté.
Cette liberté, l’enseignant essaiera de la préserver tout au long de l’activité sans jamais chercher à imposer à l’enfant ses propres idées (du type « Si j’étais toi, je ferai… » ordre déguisé auquel l’enfant obéit aussitôt). Au contraire, sans s’interdire de proposer à l’enfant telle ou telle suggestion, il ajoutera « je ne sais pas, tu vois… » de manière à interférer le moins possible dans la création de l’enfant.
Car entrer dans l’imaginaire, dans l’absurde, est, pour l’enfant comme pour l’adulte, bien souvent difficile. Depuis son plus jeune âge en effet, l’enfant apprend à ne pas « dérailler » , à appeler un chat un chat.
L’essentiel est de bien tracer la frontière entre réalité et imaginaire, afin que l’enfant sache toujours où il se situe. En outre, et ce n’est pas toujours aussi évident que cela en a l’air, il faut installer dans les poèmes une certaine « logique de l’imaginaire (voir page 52). Pour que, tout en sachant bien que ce n’est pas vrai, que c’est impossible, cela paraisse vraisemblable, qu’on puisse y croire…
En conséquence, l’orthographe ne sera corrigée qu’une fois le texte mis en place, juste avant de le copier au propre. On pourra éventuellement renvoyer l’enfant au dictionnaire, mais pas plus.
Différencier le texte et le poème n’est pas facile. Pourtant, à le lire ou à l’entendre, on sait bien reconnaître le texte du poème ; le second promenant avec lui et autour de lui cette indéfinissable aura qu’on reconnaît comme relevant de la poésie. Qu’est-ce qui colorie cette aura ? La magie des rimes, la légèreté du texte, le rythme, le rêve qu’il transporte, les images qu’il donne à voir, les mots qu’il invente…Tous ces petits riens qui font la différence …
Pour autant, il ne s’agit pas, à la fin cialis for order de l’atelier d’écriture, de rejeter les textes qui ne sont pas des poèmes. Car l’objectif premier de l’atelier d’écriture, c’est d’écrire. De plus, cet indéfinissable poétique a quelque chose de subjectif, et le poème appartient autant à l’auteur qui déclare « j’ai écrit un poème ! », qu’au lecteur qui le reçoit. On observera donc un grand respect face aux textes et aux poèmes des enfants.
L’enseignant sera attentif aux hésitations, voire aux blocages, et aidera l’enfant à les dépasser. Toucher à la langue, c’est un peu (beaucoup) toucher à sa propre identité. Aussi il peut être utile de tester soi-même en préalable l’atelier, afin d’en expérimenter, crayon en main, les enjeux.
Extrait du fichier poésie ©Editions Magnard 2001 Patrick Joquel
Le plein d’idées
Pour écrire
Chaque fiche pédagogique propose et développe un ou plusieurs ateliers à mener en classe ; cependant et pour les compléter voici quelques idées et suggestions pour bien s’amuser avec les mots.
Extrait du fichier poésie ©Editions Magnard 2001 Patrick Joquel
On pourra constituer avec la classe un réservoir de mots ou une trousse à rimes avant de laisser les enfants se lancer dans l’écriture du poème. Il s’agit en fait de se donner quelques minutes pour, autour d’un thème (ou d’un mot), regarder naître par association d’idées, comme un geyser d’images, toute une liste de mots, de rimes, dans laquelle ensuite chacun viendra puiser librement. Cette activité ne doit pas pour autant être systématisée ; une fois qu’elle l’aura expérimentée, la classe (ou l’élève tout seul) y aura recours quand elle ou il en sentira le besoin. Selon les thèmes abordés, un passage à la calme BCD pour rechercher de l’information et donc du vocabulaire peut également être utile.
Le tirage au sort permet d’ajouter une dimension ludique à l’écriture et de « forcer » un peu plus l’imaginaire. Dans ce cas, une fois la règle du jeu de l’atelier d’écriture comprise et acceptée par tous, chaque participant choisit un mot ou écrit un premier vers. Tous ces mots ou débuts de poèmes sont rassemblés dans un grand chapeau. Puis chacun tire au sort un papier et écrit à partir de cette contrainte. On peut aussi choisir de tirer un seul papier au sort, et d’inviter chacun individuellement à écrire à partir du même mot… On sera surpris des différences de textes. Cette part laissée au hasard crée une complicité entre tous : chacun cherche un peu à « piéger » l’autre en lui dénichant un mot difficile…
Une classe de découverte ou tout autre sortie hors du milieu scolaire est un moment propice à l’écriture poétique. Loin du journal de bord qui relève d’une autre démarche d’écriture, cet atelier d’écriture poétique a pour point de départ et déclencheur un face-à-face avec le paysage. Là, et pendant un moment relativement court, on proposera à l’enfant d’écrire un poème (ou des notes prises sur ce qu’il voit et ce qu’il ressent, ces notes étant reprises ultérieurement en classe pour élaborer le poème, seul ou en collectif).
De la simple description de ce qu’il voit jusqu’au réinvestissement de sa culture poétique (structuration du texte, richesse des métaphores…) l’enfant découvre que l’écriture est aussi un moyen d’entrer dans le monde et de le dire à l’autre.
Cet atelier sera d’autant plus riche qu’en amont les enfants auront rencontré des textes parlant du type de paysage dans lequel se déroule la classe de découverte, ou qu’ils seront entrés en correspondance avec un auteur sensible à ce paysage.
On peut également proposer un atelier d’écriture dans un musée.
La démarche est la même que celle évoquée pour les classes de découverte : ici, c’est le face-à-face avec une œuvre qui déclenche l’écriture. Après le texte d’inspiration totalement libre, on peut proposer à l’enfant d’explorer les pistes suivantes : « Je parle à l’œuvre. », « L’œuvre me parle », écrire un dialogue entre l’œuvre et moi (à deux, un enfant jouant le rôle de l’œuvre), écrire un dialogue entre deux œuvres seules (à deux, chaque enfant jouant la voix d’une
œuvre), ou entre deux œuvres et un enfant (même chose mais à trois), ou encore écrire un dialogue entre deux enfants face à une œuvre)…
Pour ces dialogues, on observera la règle du jeu suivante : tout se passe par écrit. Aucun mot n’est prononcé : on communique sur la même feuille, chacun son tour et chacun selon son rôle.
Il est important que les élèves soient invités, au-delà des propositions d’atelier d’écriture et des exercices à la manière de…, à investir librement la langue, l’imaginaire et l’émotion ; avec les seules contraintes qu’il se donnera ou qu’il ne se donnera pas…
Le poème et les autres matières
Dans le cas où la BCD de l’école ou la bibliothèque municipale sont bien fournies en poésie, on peut imaginer une recherche de poèmes sur un thème étudié en classe, en sciences par exemple. Cette collection de textes réalisée par toute la classe peut ensuite faire l’objet de séances de lecture, d’études comparatives ; elle pourra être mise en valeur sous forme de livre illustré, ou d’exposition ou bien servir de trame à un spectacle poétique, voire de support à des activités de création de textes …
L’étude scientifique d’un thème enrichira la compréhension des textes et réciproquement.
Le poème et les arts plastiques
Certaines fiches poèmes à photocopier sont illustrées, d’autres non. Nous l’avons voulu ainsi pour plusieurs raisons. il nous a semblé important de proposer aux enfants la lecture du poème et la création que celui ci lui inspire par une artiste contemporaine.
Loin de vouloir être un modèle, celle ci est plutôt un témoignage « Moi aussi, j’aime illustrer les poèmes… ».
Observer ses illustrations permettra de nourrir la création enfantine : l’usage des noirs et des blancs, le trait, la mise en page, les sentiments et l’émotion…
D’autres ne présentent que le poème, par choix également. Carte blanche entière à l’enfant.
L’illustration du poème peut se jouer sur plusieurs moments : celui du cahier individuel, celui plus collectif du projet : poème affiche (gouaches, encres, collages…), livre illustré…Pour ces réalisations rien n’empêche de contacter ou d’inviter un illustrateur jeunesse dans la classe (contact : la charte).
Extrait du fichier poésie ©Editions Magnard 2001 Patrick Joquel
Extrait du fichier poésie ©Editions Magnard 2001 Patrick Joquel
Réaliser un livre illustré. Il peut s’agir d’un livre réalisé individuellement ou d’un livre collectif réalisé à partir de l’anthologie de la classe ou de poèmes écrits par les enfants. Les textes, calligraphiés ou saisis sur ordinateur, s’accompagneront de réalisations plastiques (gouaches, pastels…) et seront présentés reliés, ou dans un porte-vue.
Le livre multiple. Il s’agit de s’inspirer de la démarche de Raymond QUENEAU qui a conçu Cent mille milliards de poèmes sur la base de dix sonnets écrits sur les mêmes rimes. La structure grammaticale choisie est telle que sans heurts, tout vers de chaque sonnet de base est interchangeable avec tout autre situé en même position dans le sonnet. Il y a quatorze vers ; on a ainsi, virtuellement, 10 puissance 14, soit cent mille milliards de sonnets » (OULIPO, Atlas de littérature potentielle, Folio essais, Gallimard.).
Pour réaliser un de ces « livres multiples », il suffit de rassembler une série de poèmes conçus sur la même structure de base et présentés dans le même format. On les relie ensuite par une spirale, puis on découpe horizontalement les vers (ou groupes de vers) de chaque poème, de manière à multiplier les lectures potentielles du livre. Ce livre sera bien sûr illustré et les illustrations se verront elles aussi multipliées par le jeu des découpages.
L’exposition permet « d’aérer » le poème. Le texte et l’image forment ainsi un tableau mural (un poème-affiche) voire une sculpture. Une exposition, cela s’inaugure… avec le maire, les parents, les acteurs culturels,… avec un spectacle, etc.
Le spectacle poétique
Pour aller plus loin que la traditionnelle récitation, la création d’un spectacle poétique peut se jouer sur plusieurs niveaux :
– le spectacle permanent. Il s’improvise à tout moment en classe, entre deux activités, comme un temps de détente ou de rêve… Des règles du jeu très simples peuvent être définies avec les enfants : on ne dira pas deux fois le même poème ; ou bien, on ne le dit pas deux fois de la même manière… C’est un spectacle à usage interne, un entraînement à dire.
– le grand spectacle. Ce spectacle qu’on donnera aux autres classes, aux parents, se construit aussi bien avec les poèmes que l’on aime qu’avec ceux que l’on a écrit. La mise en scène ainsi que la mise en voix (découpe du poème pour le dire à plusieurs, entraînement à placer la voix sans crier) est élaborée par les enfants. Prévoir éventuellement quelques accessoires de décors, des instruments de musique (en particulier des percussions)… Pour ce type de spectacle, la présence du texte sur la scène (pupitres) est loin d’être interdite, au contraire, elle peut rassurer.
Recevoir un poète à l’école
Les intérêts de cette rencontre sont multiples. Le premier est de montrer que le livre est un objet vivant. En rencontrant l’auteur, l’enfant se rend compte que derrière chaque livre de la classe, se cachent une ou plusieurs personnes. Que ces personnes ne sont ni des géants ni des extra-terrestres, mais des êtres humains qui, comme lui, mettent un blouson pour sortir dans la cour l’hiver, mangent, boivent, rient… Que tous les auteurs de livres ne sont pas morts…
L’enfant pourra découvrir entre autres :
- Le « comment c’est fait ». Le poète pourra raconter dans quelles conditions il a écrit tel ou tel poème : le moment et le lieu d’inspiration, sa manière de travailler, son bureau, etc.
- L’histoire du recueil. Les rencontres qui en ont permis l’édition : rencontre avec l’éditeur, avec l’illustrateur.
- Le cheminement du livre. Du brouillon jusqu’à son arrivée dans la classe, l’auteur racontera les différentes étapes de fabrication du livre.
Inviter un poète s’organise comme se préparent d’autres projets : avec les élèves, en concertation au sein de l’équipe enseignante, avec des partenaires extérieurs à l’école.
En classe, on pourra commencer par lire plusieurs poèmes de l’auteur invité. Un courrier ou un courriel des enfants au poète peut aider à créer une complicité entre eux et lui, de nourrir l’attente du grand événement… On organisera la rencontre avec les enfants : questions, écoute de poèmes, moment d’écriture avec le poète, visite de l’école, goûter…
À l’extérieur de l’école, la bibliothèque municipale, ou encore la médiathèque départementale peuvent être d’un grand secours : possibilités budgétaires (déplacer un auteur a un coût), possibilités de profiter d’événements comme le printemps des poètes… On peut également s’adresser à la Charte des Auteurs et Illustrateurs pour la Jeunesse (voir ses coordonnées page 11), qui pourra aider l’école à choisir le poète et à établir le contact avec lui.
Extrait du fichier poésie ©Editions Magnard 2001 Patrick Joquel
Retrouvez Patrick Joquel sur le Forum Poésie (titre à trouver) des éditions Magnard (www.magnard.fr)…